La synergie: une idée d'avenir
De nos jours, on ne fait rien si on ne le fait pas en groupe. C'est une réalité. L'interdépendance permet la spécialisation des compétences, et l'assemblage en un tout qui dépasse la somme de ses parties.
Dans un tel contexte, ce qui compte, ce n'est pas le travail fourni par chaque individu, mais plutôt la façon dont toutes ces actions se combinent pour donner le résultat final. Nous avons tous l'image de la contre-productivité donnée par Chaplin dans "Les Temps Modernes": deux ouvriers qui défont au fur et à mesure ce que l'autre fait. Et, pour dire la vérité, notre action collective ressemble de plus en plus à cette scène de vaudeville.
C'est le défaut du système de la division des tâches: il ne fournit que peu de visibilité sur le rapport entre les activités, chacun étant concentré sur la seule partie qui le concerne. C'est pourquoi, si le travail est important, l'intégration à l'environnement de travail l'est encore plus; il vaut mieux ne rien faire que d'avoir une action chaotique dans le processus.
Il y a manifestement là un équilibre à établir entre la production ou l'action en propre, et la coordination globale de toutes les activités. Pour cela il est nécessaire de mettre en place un pouvoir d'écoute, de réceptivité à l'égard de l'ensemble. Ne pas agir, et prendre du recul sur la situation, c'est participer au bon fonctionnement du groupe.
Cela permet notamment de valoriser des individus qui jusque là passent pour inutiles, car ils sont moins productifs. Forcément, puisqu'ils passent plus de temps à s'adapter au travail des autres qu'à travailler eux-mêmes. Mais sans eux, le tissu social n'existe pas. Il faut des choses à relier et des choses pour les relier.
C'est un aspect de l'existence qui n'est pas très valorisé dans le contexte actuel. Le modèle individualiste favorise plutôt les actions spectaculaires, et pas les moments de concertation qui y ont mené. Souvent les responsables tentent de donner l'impression qu'ils font tout, alors que leur rôle devrait être celui d'un simple médiateur ou d'un coordinateur.
On a coutume de dire: "Quand on veut que quelque chose soit fait, il faut le faire soi-même". Mais celui qui a appris à déléguer les tâches au point de ne plus rien avoir d'autre à faire que d'arrondir les angles et faire en sorte que les choses se passent comme prévu, sans avoir à intervenir sans cesse, celui-là peut accomplir de grandes choses.
Pour celà on doit proposer plus d'autonomie dans le travail, et ainsi permettre le travail intelligent. On dit aussi: "Deux têtes valent mieux qu'une", et c'est une vérité dans le domaine de l'action collective. Une organisation se porte beaucoup mieux si chacun respecte et entend l'opinion des autre, plutôt que de chercher à prendre l'ascendant à tout prix.
Malheureusment, pour l'instant, la doctrine du mérite individuel produit un stress et une tendance à la compétition qui rendent le travail de groupe impossible à grande échelle. La majeure partie du travail des grands ensembles se perd en dysfonctionnements internes.
Pour corriger cela, il serait bon de mettre l'accent sur la réussite du projet dans son ensemble, plus que sur la réussite individuelle; de faire en sorte que l'activité de tous les acteurs soit participative de l'action du groupe. Et pour cela, il est nécessaire que les responsables soient eux aussi dans cette optique: de ne pas chercher la gloire pour eux-mêmes mais pour la construction sociale qu'ils dirigent.
Ainsi, il sera possible d'économiser du travail, d'accroître la qualité du résultat, d'éliminer les dysfonctionnements, d'améliorer l'ambiance de groupe, de faire disparaître les aberrations dûes à l'action individuelle, d'harmoniser les processus sociaux, d'obtenir des remontées d'information, de mettre en place des projets plus complexes, et ainsi de suite... Les bénéfices sont inépuisables.