Le temps nous appartient

Publié le par Crystal

Le temps passe sans cesse et la vie nous échappe. Inexorablement, les secondes se changent en minutes, en heures puis en jours, en mois, en années jusqu'à ce que notre vie arrive à sa fin. C'est inévitable. Que faire ?

La plupart d'entre nous choisissent de vivre à un rythme effréné, dans un enchaînement d'évenements sans fin et souvent sans queue ni tête, pensant que chaque instant de cette vie doit devenir un souvenir inoubliable qui viendra contrebalancer cette triste réalité. Mais malheureusement, ce n'est qu'un illusion. Tous ces moments soi-disant forts se trouvent bien vite enfouis dans le flux incessant de cette vie qui va de plus en plus vite.

C'est un fait, les moments les plus intenses sont ceux qui nous marquent le moins. Comme le dit un auteur, "vivre intensément ne rend pas heureux". A l'évidence, c'est justement lorsque nous sommes totalement engagés dans les choses que nous sommes le moins disponibles pour prendre en compte ce qui nous arrive.

A tout le moins cette stratégie a au moins le mérite de nous divertir, de faire en sorte que le temps passe sans qu'on le remarque. La poursuite perpetuelle d'un objectif permet de ne pas réaliser sa futilité, aussi dénué de profondeur qu'il soit. Mais peut-être dans ce cas peut-on dire que le remède est pire que le mal, parce qu'il nous prive de toute possibilté de prendre en compte et de réagir à notre problème.

Peut-être serait il plus sage d'accepter le passage du temps, l'éphémeralité de la vie, et d'essayer de se sentir bien avec ce phénomène. Après tout, qu'avons nous de si important à accomplir ? Nous ne sommes pas assez naïfs pour penser que le monde cesserait de tourner si nous n'étions plus là. Vraisemblablement, tout ce que nous disons et faisons est en quelque sorte superflu, et ne sert qu'à satisfaire cette angoisse de perdre son temps.

La peur de perdre son temps, voilà ce qui nous obsède. Et pourtant, c'est un lieu commun: comment peut-on avoir le temps si l'on accepte pas de prendre son temps ? Et lorsqu'on finit par se résoudre à laisser le monde au monde, les choses paraissent soudain beaucoup plus claires.

Car ne pas se laisser entraîner dans le tourbillon incessant de la vie, c'est prendre du recul sur sa propre existence. On commence alors à voir toute cette agitation comme superficielle, et on commence aussi à prendre le temps de vivre. On s'aperçoit que tous ces gens qui s'agitent autour de nous ne voient pas la vie, ne voient pas les opportunités infinies qui s'offrent à nous, parce qu'ils sont trop occupés à passer le temps.

Et bientôt il semble bien ridicule de passer son temps à s'activer, car il devient évident qu'ainsi on manque la majeure partie du spectacle. Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on voit, mais la façon de le regarder. Sortir de l'inconscience de l'action, c'est s'autoriser à contempler la réalité.

Bien sûr, pour le faire, il ne faut pas espérer vivre une vie remplie de sensations intenses. Mais d'un autre côté, ces joies et ces peines qui se succèdent sans cesse nous fatiguent émotionellement et nous font perdre le goût de la vie. En réalité que peut-on espérer de la vie ? Certainement pas de nager éternellement dans le bonheur, l'ensemble de l'expérience humaine démontre largement qu'il s'agit d'une illusion. Non, bien au contraire, ceux qui ont retiré quelque chose de la vie ont pour seule aspiration de mener une vie tranquille et sans histoire.

Vivre ainsi permet de redonner son juste sens aux choses. On perd petit à petit la folie des grandeurs pour retrouver ce qui ne nous a jamais été refusé, à savoir le simple plaisir d'être en vie. Et le présent, même sans grande perspective d'avenir, devient tout à fait satisfaisant car on sait que c'est la seule réalité tangible.

Ce bonheur tranquille vaut tous les accomplissements du monde. Mais il ne vient que lorsqu'on a cessé de courir après la vie. On ne peut trouver la sérénité lorsqu'on est trop occupé à la chercher.

Publié dans Reflexions

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